En Poitou, la quantité et la diversité des mesures utilisées étaient très importantes. En dresser une liste exhaustive serait utopique, d'autant que certaines, utilisées au XVIe siècle on très peu vécues et ont été rapidement remplacées par les mesures des localités plus influentes.
Autrefois, on pesait peu de choses, par contre, on mesurait. On mesurait aussi bien les pommes de terre, que les noix, ou le grain et ceci parce que le système de poids était peu développé.
L'unité de mesure des grains était le boisseau. La réunion de plusieurs boisseaux formait ensuite une série d'autres mesures comme le setier, le muid. En Poitou, la diversité des boisseaux était impressionnante : en principe, d'après les codes seigneuriaux, seul le seigneur haut justicier avait droit de "poids, de mesure et d'étalonnage " dans l'étendue de sa justice. Nous savons aussi que l'article XVI de la Coutume du Poitou octroyait ce même droit au seigneur moyen justicier, ce qui étendait énormément le nombre de privilégiés. (Voir plus loin les extraits des coutumes) De plus, dans une même paroisse, il pouvait exister deux boisseaux de contenances différentes : un boisseau de rente et un boisseau ordinaire. On pouvait juger par là de la confusion qui ne pouvait manquer d'exister dans les transactions et dans l'interprétation des contrats lorsque la désignation du boisseau n'était pas suffisamment précise.
Le boisseau se divisait en demi, quart et demi quart.
Bien que cette mesure fut très utilisée, sa contenance pour le Poitou est difficile à donner , et ceci pour plusieurs raisons :
la façon de remplir la mesure :
- soit le grain était versé dans la mesure à affleurer le bord, on utilisait pour cela une rase, sorte de règle que l'on faisait glisser ou tourner sur le bord du boisseau pour égaliser la surface et éliminer le surplus. On parlait alors de mesure rase.
- soit le grain était versé et tassé dans le boisseau puis de nouveau complété par un cône de grain. La mesure était appelée mesure comble.
L'écart entre ces deux mesures pouvait aller du simple au double.
la qualité des grains :
L’étalonnage des différents boisseaux était fait par rapport à la livre, unité de poids, mais la qualité et le degré d’humidité des grains n’était pas pris en compte, ce qui faisait qu’il était difficile de retrouver la contenance des mesures d’une année sur l’autre, ou même entre différentes périodes de l’année.
les abus seigneuriaux :
Les rentes étaient exprimées en quantités fixes de boisseaux et chaque seigneur, bien que cela soit sérieusement réprimandé, augmentait la contenance des mesures pour améliorer ses revenus. En voici un exemple tiré des Affiches du Poitou de 1775 où la lettre d'un correspondant se termine ainsi : " j'oubliais de vous marquer que le boisseau de Civrai ne devrait peser qu'environ 40 livres, qu'il n'avait ce poids qu'en 1709, et qu'il s'est successivement accru de 3 à 4 livres ; on observe du reste des augmentations analogues à Aulnay, Chiré, Beauvoir, etc. ... "
Dès le XVIe siècle, pour éviter les graves inconvénients liés à l'incertitude, qui régnaient sur la contenance exacte de tous ces boisseaux, le Présidial de Poitiers résolut de fixer exactement la contenance du boisseau. Dans ce but, il fit recueillir tous les procès verbaux d'étalonnage qui avaient pu être dressés, afin de les rapporter tous à un boisseau unique dont la contenance fut très exactement connue. Ce fut tout naturellement le boisseau de Poitiers qui fut choisicomme boisseau type de la province.
Le boisseau de Poitiers... très bien, mais lequel ? Parmi les différents boisseaux qui existaient à Poitiers, deux pouvaient prétendre à ce titre :
- l'un, le boisseau légal, celui dit de l'abbaye du Pin qui ne servait pas ou ne servait guère,
- l'autre, le boisseau du minage, condamné par maints arrêts, mais qui était le seul utilisé dans les transactions.
Le choix entre ces deux boisseaux comme étalon type fut l'objet de discussions interminables qui n'avaient pas encore pris fin à la veille de la Révolution.
Tableau des contenances des boisseaux du Poitou établi par Chéron
en 1807 à partir d'une enquête auprès des maires des communes.
| Ville | boisseau | litre |
autres lieux d'utilisation |
| Poitiers | boisseau marchand | 14,10 |
Croutelle, La Villedieu, Aslonnes, Les Roches Prémaries, Smarves, St Benoit, Jaulnay, Nouaillé, Dissay, St Julien. |
| Poitiers | boisseau du Pin | 12,30 |
|
| Poitiers | boisseau de Montierneuf | 17,60 |
Nouaillé |
| Poitiers | boisseau de la Celle | 21,10 |
Latillé |
| Poitiers | boisseau de Ste Croix | 14,90 |
|
| Poitiers | boisseau de La Trinité | 15,80 |
|
| Poitiers | boisseau de St Nicolas | 47,10 |
|
| Angles | boisseau d'Angles | 32,70 |
Availles |
| Angles | autre boisseau d'Angles | 34,70 |
|
| Availles | 26,10 |
||
| Benassay | 48,40 |
||
| Celle Levescault | 50,10 |
||
| Champagné St Hilaire | 19,60 |
Sommières, Charroux | |
| Champagné St Hilaire | boisseau marchand | 27,50 |
|
| Champagné St Hilaire | boisseau ci-devant seigneurial | 24,00 |
|
| Champagné St Hilaire | boisseau pour l'avoine | 34,30 |
|
| Châtellerault | 19,60 |
Thuré, Vouneuil, Dienné, Vernon, Chauvigny, Verrières, St Julien, Monthoiron, Chiré. | |
| Civray | 28,10 |
Chaunay | |
| Gençay | 19,60 |
Usson, St Secondin. | |
| La Haye | 16,30 |
Les Ormes, Buxeuil, St Remi. | |
| Leigné sur Usseau | 15,70 |
St Genest | |
| Loubressay | 20,10 |
||
| Loudun intra muros | 10,80 |
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| Loudun extra muros | 10,90 |
(voir nota) | |
| Lusignan | 47,10 |
Sanxay, Curçay, Nèdes, Lavausseau. | |
| Mirebeau | 14,14 |
Coussay, Sauves, Neuville, La Grimaudière. | |
| Montmorillon | boisseau marchand | 18,40 |
Pleumartin, La Trimouille. |
| Montmorillon | autre boisseau | 19,50 |
|
| Monts sur Guesnes | 13,90 |
||
| Poizay le Joli | 16,30 |
||
| Ringère | 11,80 |
||
| St Genest | 20,90 |
||
| St Sauvant | 45,80 |
||
| St Savin | 20,30 |
La Bussière, Nalliers | |
| Vouillé | 25,30 |
Nota : Le cep étalon du boisseau de Loudun est conservé au musée Ste Croix de Poitiers. C'est une cuve en bronze de 35 kg dont la capacité exacte est de 10,34 l.
Utilisé principalement dans la région de Chauvigny où il remplaçait le setier.
1 bethuze = 8 boisseaux
Cette mesure utilisée à Lussac les Châteaux et Champagné St Hilaire remplace le boisseau.
Il ne faut pas la confondre avec la boisselée qui est une mesure agraire.
Mesure valant généralement 1/2 boisseau (sauf à Dienné où 1 boisselot = 1 boisseau)
Mesure utilisée pour fixer le prix du transport des marchandises.
La coutume du Poitou fixait la charge à 300 livres soit : 146,85 kg.
Pour les grains, la prescription de cette coutume était loin d'être respectée car la charge était souvent proportionnelle au nombre de boisseaux. Par exemple :
Paroisse |
Nbre boisseaux |
|
Chatillon |
18 |
|
Aigre en Angoumois |
16 |
|
Poitiers (boisseau du Pin) |
16 |
|
Argenton Chateau |
12 |
|
Chateaumur |
12 |
18 du minage |
Chatellerault |
12 |
|
Confolans |
12 |
|
Gençay |
12 |
|
La Geffardière |
12 |
16 du minage |
Latillé |
12 |
|
Les Herbiers |
12 |
|
Montaigu |
12 |
16 du minage |
Montmorillon |
12 |
|
Pouzauge |
12 |
|
Puy Beliard |
12 |
|
Vendeuvre |
12 |
|
Le Blanc |
10 |
16 du minage |
Les Essards |
10 |
|
Parthenay |
10 |
|
Bressuire |
8 |
|
Pugny |
8 |
18 du minage |
Saint Marsault |
8 |
|
Mareuil |
6 |
10 du minage |
Mothe St Heraye |
6 |
|
Vivonne |
4 quartes |
La cuisse (ou cuissée, coccia, cuyssa)
A Poitiers, 1 cuisse de froment = 32 boisseaux
A La Roche Posay, 1 écuellée = 1/20 boisseau
A Thouars, 1 écuellée = 12 poignées
A Chatellerault, 1 écuellée = 1/16 boisseau
A Civray, 1 écuellée = 1/11 boisseau (1 écuellée par prévendier)
A Loudun, 1 écuellée = 1/12 boisseau
Mesure utilisée pour le commerce des grains et pour quelques autres denrées.
Généralement, 1 fourniture = 20 unités
Pour les grains, 1 fourniture = 20 setiers
A Gençay et Civray, 1 fourniture = 21 boisseaux, (le dernier étant comble)
A Loudun, 1 fourniture = 12 sétiers
A St Jouin, 1 fourniture = 21 setiers, payés 20
A Champdeniers, 1 fourniture = 22 boisseaux ras payés 20
A Chef Boutonne, 1 fourniture = 22 boisseaux ras + 4 mesures
Pour le bois de chauffage, 1 fourniture = 20 rehortées
Parfois, l'acquéreur arrivait à arracher quelques boisseaux de " garniture " à son vendeur.
A Poitiers, Le setier d'avoine contenait 12 boisseaux, mais il était assez fréquemment livré à 13 voire même 14 boisseaux, soient 1 à 2 boisseaux de garniture.
C'était la quantité contenue dans le creux des deux mains jointes.
A Civray, 1 minée de froment = 8 boisseaux = 2 Prévendiers = 1/2 setier
1 minée d'avoine = 16 boisseaux
A Thouars, 1mine = 1/2 setier
A Loudun, 1 picotin d'avoine = 1/8 boisseau
A Champdeniers 1 pochée = 5,5 boisseaux payés 5
Utilisé dans les paroisses où le boisseau était de trop grande dimension pour pouvoir être utilisé comme outil de manipulation des grains.
- Monthoiron et la Tour Savary : 1 mesure châtelaine = 22,2 livres
- Gençay, Champagné St Hilaire, Sommières : 1 mesure = 1/4 de boisseau
- Civray : 1 mesure = 1/8 de boisseau
- Thouars : 1 mesure = 1/12 de boisseau
- Chef-Boutonne : 1 mesure = 6 livres 1/4
- St Maixent : 1 mesure = 2 boisseaux 1/2 mesure de Paris
- Sables d'Olonne : 1 mesure = 3 boisseaux 2/3 mesure de Paris
- Luçon : 1 mesure = 1 livre 6 onces 1/2
- Fontenay : 1 mesure d'avoine = 2 boisseaux 1/2 mesure de Paris
A Thouars, 1 poignée = 1/144 de boisseau
Il remplaçait souvent le setier
- Château Larcher, Vivonne, Gençay, Champagné St Hilaire, Beaufort, Latillé :
1 prevendier = 8 boisseaux
- Charroux, Usson, Lhommaizé, Lusignan, Civray :
1 prevendier = 4 boisseaux de froment
1 prevendier = 8 boisseaux d'avoine
A Pleumartin, 1 quarrignon de froment = 1/4 de boisseau.
A Vivonne, 1 quarte = 4 boisseaux mesure de Poitiers
Dans le Chatelleraudais, 1 quarte (ou quart) = 1/2 boisseau
A Gençay, 1 quarte = 4 boisseaux
A Couhé, 1 quarte = 1 boisseau
A Bressuire et à Marsault, 1 carteau = 1/2 boisseau.
Aux Herbiers, 1 trulleau = 1 boisseau
A Civray, 1 raz d'avoine = 1/2 boisseau
(1) Raz est peut être l'abréviation de "boisseau raz", ce qui expliquerait qu'un boisseau raz soit la moitié d'un boisseau comble.
Le setier ( s'écrivait parfois sextier ou septier )
L'origine de ce nom viendrait du latin " sextarius " et correspondrait à la sixième partie d'une ancienne mesure romaine, le conge.
En Poitou, le setier variait entre 4 et 40 boisseaux suivant la région et le contenu :
- pour le froment :
setier de 4 boisseaux |
à Confolens |
setier de 8 boisseaux |
à Parthenay, Vouillé, Chauvigny, Abb. de Montierneuf, Thouars, Bressuire, Abb. de Ste Croix, St Benoit de Quinçay |
setier de 12 boisseaux |
à Vendeuvre, Thenezay, St Loup, St Jouin de Marnes, Moncontour, Loudun |
setier de 16 boisseaux |
à Civray, Chatellerault, Montmorillon, Chatillon (Mauléon), Mirebeau, Mortagne, St Rémi en Plaine |
- pour l'avoine :
setier de 12 boisseaux |
à Poitiers |
setier de 18 boisseaux |
à Loudun, Mirebeau |
setier de 32 boisseaux |
à Civray |
setier de 40 boisseaux |
à Chatellerault |
A Champdeniers, 1 tonneau = 55 boisseaux payés 50
A Niort, 1 tonneau = 54 boisseaux
A Mareuil, 1 tonneau = 40 boisseaux
A St Gilles sur Vie 1 tonneau = 40 boisseaux
et 1 tonneau marchand = 42 boisseaux
Pour mémoire, à Paris, les mesures des grains étaient très exactement réglées :
1 boisseau = 20 livres de froment = 16 litrons
1 minot = 3 boisseaux
1 mine = 2 minots
1 setier = 2 mines
1 muid = 12 setiers